Service public
Dans la politique des médias, le terme service public est trop souvent utilisé comme synonyme de radio/TV de service public, ce qui conduit à deux malentendus. Premièrement, le service public comprend d'autres domaines d'intérêt public tels que les services postaux, les écoles et l'approvisionnement en eau. Deuxièmement, ces derniers sont pour la plupart des monopoles naturels, tandis que la radio et la télévision remplissent leur mission dans un contexte médiatique.
Les médias peuvent être divisés en trois groupes : la presse privée, la radio/TV publique et les nouveaux médias. Les transitions sont fluides : la télévision régionale est en fait un service public en termes de structure de financement, la radio privée, en revanche, est située à proximité des éditeurs de presse et, entre eux, de nouveaux médias électroniques.
La réalisation de l'objectif de service public en tant qu'approvisionnement de base de la population en médias ne peut donc pas être mesurée uniquement par le fonctionnement du service lui-même. Le critère décisif est le fonctionnement de l'ensemble du système.
Cependant, la numérisation a également brouillé la notion de médias. Dans le monde analogique, il existait des structures, des processus, des formats et des canaux séparés entre la presse, la radio et la télévision. Les investissements massifs pour les infrastructures de radio et de télévision et les raisons techniques justifiaient le service public : les fréquences étaient limitées, le signal était ouvert à la réception, le marché publicitaire en Suisse était limité, le financement autre que les redevances était impensable.
La première ouverture du secteur de la radio a eu lieu dans les années 1980, lorsqu'on a découvert qu'il était possible d'utiliser plus de fréquences FM que ce que voulait la PTT.
Cependant, la situation a fondamentalement changé avec internet. La presse, la radio et la télévision publient désormais des textes, des sons et des images sur la même chaîne, le web, se faisant ainsi directement concurrence. En outre, il y a désormais une presse en ligne qui n'existe que sur ce canal. Le web, avec son URL universel, reste un lieu public. Les plateformes de réseaux sociaux avec leurs groupes d'utilisateurs plus ou moins ouverts brouillent de plus en plus la différence entre les médias publics (blog, Twitter, Instagram) et la communication privée (Facebook, WhatsApp).
Cette confusion a modifié les paramètres essentiels de la production médiatique : de périodique et linéaire à simultané et non linéaire, de centralisé à décentralisé et de public à privé. Il est donc presque impossible aujourd'hui de définir ce que sont les médias, ce qui a des conséquences tant sur le financement des médias que sur la régulation.
Une approche possible serait de ne plus définir le terme médias, mais celui du journalisme. En 2018, le Conseil de presse n'était pas entrée à la plainte contre le tweet privé d'un journaliste du "BaslerZeitung" (BaZ), ne se considérant pas compétent pour Twitter. Mais le Conseil de la presse a jugé nécessaire d'agir et en 2019, il a élargi la définition du journalisme :publication à caractère journalistique signifie toute publication résultant d'une activité qui recueille, sélectionne, met en forme, interprète ou commente du matériel provenant d'une source indépendante. La référence à un support public et périodiquement mis à jour a été supprimée.
La collecte, l'édition, l'interprétation, la spécification et le commentaire d'un point de vue indépendant sont au cœur de la fonction que remplit le journalisme en tant que service public. La démocratie a besoin d'une sphère publique où les décisions législatives sont débattues. Cela exige une diversité d'opinions, qui s'est certainement accrue avec la numérisation, mais aussi un journalisme qui classifie et vérifie, sépare les faits des fausses nouvelles et veille à ce que chacun puisse s'exprimer.
S'il y a une justification pour une redevance pour le service public, c'est pour le journalisme en tant que service public, qui serait une information de base et une garantie de la diversité des opinions. Il serait plus difficile de définir les concepts largement débattus tels que "reportage équilibré" et "journalisme de qualité".
Cependant, la définition du service public par le journalisme soulève de nouvelles questions : ces services ne sont pas seulement fournis par la SSR, mais par l'ensemble des médias. Qu’est-ce qui différencie le journalisme du service public actuel du journalisme en général ? D'autre part, la SSR remplit également des tâches qui sortent du journalisme : Qu'en est-il du sport, de l'éducation, de la production culturelle (orchestre, films) ?
Suite: Diversité
Pour une plateforme médiatique en tant que service public
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