Plateformes

Le problème du Radiostudio Bern n'est cependant qu'un premier pas vers la concentration. La SSR prévoit une plateforme nationale sur laquelle tous les contenus pourront être disponibles dans toutes les langues. Cette plateforme traduira de nombreux contenus, mais disposera également d'une rédaction nationale. La plateforme entraînera une réduction supplémentaire du pluralisme interne. Le contenu national sera de plus en plus souvent produit à l'échelle nationale et traduit uniquement. Comme le montre l'exemple des 200 collaboratrices et collaborateurs de la SSR lors des élections au Conseil fédéral, il y a là un potentiel d'économies. Des rapports sur la politique fédérale, mais aussi sur des domaines spécialisés comme la science, peuvent également être produits à l'échelle nationale.

Toutefois, la SSR doit devenir une plateforme si elle veut continuer à accéder au public. Le public passe de plus en plus de temps sur les appareils mobiles et de moins en moins sur les récepteurs. Le public devant les récepteurs eux-mêmes est de plus en plus âgé. La linéarité et la périodicité sont de plus en plus perçues comme des restrictions par le public. Ils veulent tout immédiatement et simultanément. La distribution linéaire est également relativement coûteuse (95 millions selon le rapport annuel 2013) et deviendra de moins en moins justifiable. A moyen terme, la distribution linéaire va donc perdre de son importance, voire disparaître.

Mais la plateforme est aussi un défi pour la SSR. L'atout limité n'est plus le temps d'antenne, mais la visibilité et la vue d'ensemble. La plateforme nécessite un curateur permanent et une orientation simultanée vers différents groupes d'audience.

Cependant, les plateformes ne sont pas seulement un problème pour la SSR. Avec cette plate-forme, la SSR veut trouver son public, qui se détourne des récepteurs. Les nouveaux médias (journaux en ligne) veulent que la plateforme atteigne une masse critique et échange du contenu. Les médias locaux veulent une plateforme technique parce qu'ils ne peuvent pas suivre l'évolution technique.

Cependant, l'économie de plateforme prévoit qu'il n'y aura pas de place pour de nombreuses plateformes. Actuellement, le journal 20 minutes est la plus grande plateforme, tandis que les éditeurs de journaux derrière le paywall perdent de la visibilité. Si la SSR fait bien son travail et qu'elle le doit, elle sera la plus grande plateforme de Suisse, car elle est en mesure d'offrir des contenus en trois langues dans tous les formats, dans une qualité et une quantité dépassant largement ceux du journal 20 minutes.

Comme les plateformes fonctionnent d'autant mieux qu'elles participent davantage, des monopoles naturels émergent. Lorsque les monopoles créent des coûts externes pour la société, elles deviennent un sujet politique. Il faut considérer les plateformes elles-mêmes comme des services publics qui doivent respecter des règles de base : chacun peut participer, des conditions de participation équitables s'appliquent et un standard de qualité doit être garanti.

Pour que les médias puissent remplir leur fonction démocratique, une plateforme médiatique suisse est donc nécessaire, mais elle devrait être financée par la redevance en tant que service public et non par la SSR. Il faut une plateforme médiatique publique.

On peut se demander si la voie d'une plateforme centrale est la bonne ou si elle ne servirait pas la diversité en soutenant simplement les infrastructures et en créant autant de plateformes que possible. Jusqu'à présent, l'expérience a montré que le développement économique conduit à un monopole et que la SSR, en revanche, doit quand même mettre en place sa plateforme. De ce point de vue, on peut conclure que les politiciens exigent mieux qu'une telle plateforme centrale soit ouverte à tous les médias.

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