DV:Un espace de Liberte

Grand écran et petite caméra - du numérique à l'argentique

par Jimmy Glasberg

Depuis quelques temps, je me suis intéressé au tournage avec des cameras amateurs numériques type DV handicam. J'ai utilisé cet appareil pour des travaux personnels avant d'envisager des tournages de type professionnels. C'est l'ergonomie de l'appareil de prise de vue type DCR Sony qui m'a séduit car il donne à l'acte de filmer un rapport complètement différent de celui que l'on établi avec une caméra classique . La caméra stylo que nous avons rêvé dans les années soixante est peut-être celle là ! Le mode de filmage avec l'écran à cristaux liquides en couleur (les bétas et autres camescopes dit professionnels vous oblige à voir en noir&blanc) est une façon de cinématographier très spécifique. Les mouvements d'appareil, la composition du cadre, la vision de l'image n'ont rien à voir avec le maniement de la caméra portée traditionnelle 16-35 où video. Il demeure que l'on à faire à une caméra conçue pour les amateurs (comme les appareils 16mm à leur début). Les automatismes révèlent des contraintes majeures à l'utilisation professionnelle de cet appareil.

Fernand Moscovitz, prépare un documentaire (qu'il souhaite gonfler en 35mm) et veut utiliser cette technique de tournage. Ce dimanche 24 Janvier il s'agissait de filmer la visite de pèlerins se rendant au camp d'Auschwitz dans le cadre d'un voyage organisé par le mémorial du martyr juif inconnu...

Je me suis donc penché sérieusement sur les moyens à utiliser pour l'agrandissement en argentique de l'image numérique DV. J'ai visionné diverses bandes de démos notamment celle de GTC et de Swiss Effects dont j'ai rencontré le représentant Tommaso Vergallo. Tommaso a participé à l'agrandissement du très beau film de Ulrike Koch "La caravane de sel" tourné au Tibet avec la camera digitale VX1000.

Des réglages de la caméra permettent d'optimaliser une image vidéo à la prise de vue pour le transfert en haute résolution sur pellicule.

Pour toute précision sur la production de ce film vous pouvez lire le rapport complet sur les sites suivants :

Si on veut obtenir une qualité de son professionnelle il est indispensable de travailler d'une façon traditionnelle avec un DAT et perche classique (dans des ambiances bruyantes le micro caméra est très insuffisant). Les Suisses ont organisé un séminaire sur ces problèmes, un compte rendu très complet peut être lu dans les sites ci-dessus mentionnés.

Lors de mon tournage à Auschwitz, j'ai ressenti une sorte de déstabilisation du réalisateur et de l'ingénieur du son. En effet, j'avais perdu l'aura de "l'homme à la caméra". Les visiteurs à mes cotés utilisaient des appareils semblables à celui que j'avais entre les mains; la notion de professionnel ne tient plus alors seulement à l'outil utilisé! Ce style de tournage demande donc une vrai réflexion, une maturité et une technicité bien spécifique. La raison économique est certe aléchante mais dangereuse s'il n'y a pas vraiment des partis pris de réalisation. Attention aux producteurs gourmands sans éthique cinématographique. Le film Festen est très intéressant à ce sujet. Le choix de l'utilisation de cette technique n'est pas que je sache pour une raison économique; le propos et la mise en scène sont en harmonies avec le style de filmage et le traitement photographique.

Comme lors de l'apparition du gonflage de16mm en 35mm il est certain que cela ouvre de nouveau horizon de création et de liberté. Encore faut-il que le sens et l'émotion soit au rendez-vous. Parfois la marge est plus riche que l'ordre établi en tout cas bravo à ceux qui bougent avec les nouvelles techniques dans le sens d'un cinéma de liberté.

Jimmy Glasberg

Association Française des directeurs de la photographie Cinématographique (AFC)
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